notamment avec la vallée de la Gervanne qui comptait alors 3 600 âmes et 14 usines. C’est cette année là que débutèrent les études préliminaires à la construction d’un pont sur la rivière Drôme. Mais c’est seulement en 1883 que le projet prendra forme. La commune de Piégros La Clastre se rendra propriétaire, pour un millier de Francs, des terrains nécessaires à la voie d’accès du futur ouvrage. Mirabel et Blacons en fera de même, rive droite.

Un financement difficile

La même année, un plan de financement pour une dépense prévisible de 72 000 Francs (de l'époque) est envisagé : 45,50 % pour l’Etat, 24,50 % pour le Département de la Drôme et les 30 % restant, soit 21 600 Francs, seront payés par les communes et particuliers intéressés… Des négociations qui se poursuivront jusqu’en 1885, il ressortira que certaines communes et industriels renonceront à participer ou offriront moins que demandé. Trois communes (Blacons, Montclar et Beaufort) ayant voté ensemble 2 000 Francs, il restait à trouver les 19 600 Francs manquants. « Considérant l’importance capitale de ce débouché vers le Nord et l’urgence d’établir un pont entre Piégros La Clastre et Mirabel et Blacons ; considérant que cette construction devrait avoir pour conséquence la création d’une gare sur le chemin de fer, ce qui est dans l’intérêt de toutes les localités environnantes », le conseil municipal de Piégros La Clastre, le 15 février 1885, portera sa participation de 10 000 à 19 600 Francs.

Mais c’est seulement en 1888, le 15 juillet exactement, que cette même assemblée approuvera le projet de construction du pont constitué de 4 arches de 15 m d’ouverture chacune. Cette approbation ne lui empêchera pas de regretter que les exigences budgétaires n’aient pas permis la création d’un ouvrage à 2 voies. Il regrettera également l’inesthétique du parapet.

Les travaux débutent enfin

Les travaux débuteront en octobre de la même année et l’on note, sur un compte rendu de chantier, « que déjà, les abords se couvrent d’approvisionnement et qu’une pompe à vapeur et 30 ouvriers sont installés sur le chantier ». Tout fait alors penser que l’ouvrage pourra être livré à la circulation vers la fin de l’année suivante. C’était compter sans les imprévus. Les moyens de l’époque n’ayant pas permis de fonder les piles sur le rocher plus profond qu’envisagé, la mise en place de pieux en bois était devenue nécessaire. Cela entraînera du retard et un surcoût de 15 000 Francs ! Les travaux se poursuivront ensuite sans trop d’accroc jusqu’en 1890 et le pont sera inauguré le 27 septembre 1891. Il aura toutefois coûté plus de 23 000 Francs à la commune de Piègros La Clastre ; une somme bien supérieure à son budget annuel.

Un demi siècle plus tard, en 1941, ce pont sera dynamité par l’armée puis reconstruit l’année suivante. Mais là ne s’arrête pas son histoire : la crue du 7 janvier 1994 aura raison des fondations d’une de ses piles entraînant la destruction du tablier. Mais les hommes sont tenaces et l’ouvrage (élargi à 2 voies) sera reconstruit et inauguré un an après, jour pour jour.
Il portera désormais le nom de "pont du Batelier"

Pourquoi ce nom? la réponse au billet "l'histoire du pont du Batelier ( 3 )"